Alerte Otan n° 84 - Octobre 2022
Éditorial :
Frappes nucléaires : qui menace qui ?

En 2019, le tout nouveau « Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe » (‘Saceur’) de l’Otan le Général Tod Wolters déclarait sans ciller devant le Sénat US, être en faveur d’un usage en premier de l’arme nucléaire. Il est certain qu’une telle position aura été beaucoup moins occultée à Moscou qu’elle ne l’a été par ici. D’autant plus qu’elle venait quelques mois après le retrait unilatéral par les USA du Traité de limitation des armements intermédiaires, concernant les ogives nucléaires d'une portée de 500 à 5.500 kilomètres.

La menace de l’utilisation de l’arme nucléaire – en première frappe – fait partie intégrante de la « stratégie nucléaire » de l’Otan. De sommet en sommet, l’Otan a développé cette stratégie nucléaire, allant jusqu’à considérer comme une option réelle, et pas seulement une menace, l’usage de l’arme nucléaire en premier.

Par contre quand la Russie, par la voix de son président, dit que son pays ne se laisserait pas détruire, tous les medias et gouvernements hurlent en chœur, pour éliminer ce « dictateur sanguinaire » et réclament de le traîner devant les tribunaux internationaux.

Le 15 décembre de l'année passée, la Fédération de Russie avait lancé un projet de Traité de paix global ; dans ses points principaux :la garantie de neutralité de l’Ukraine. C’est un tragique gâchis que ce projet ait été rejeté avec mépris. Ne pouvait-on réaliser ici la menace que signifie avoir une alliance nucléaire à 500 km de sa capitale ?

Depuis son dernier Sommet en juin 2022, l’OTAN poursuit une massive escalade dans les actes de guerre contre la Russie. Des armes de plus en plus sophistiquées et lourdes se déversent en Ukraine, ainsi que des milliards de dollars et d’euros pour financer le régime ukrainien et renforcer encore les capacités logistiques et de feu de l’armée ukrainienne, déjà profondément remodelée par l’Otan.

Aujourd’hui nous devrions appeler à des négociations immédiates pour un cessez-le-feu et une solution acceptable par toutes les parties, ce que continuent à refuser Zelensky et ses commanditaires de l’Otan.

Nous devons mettre en garde également contre cette nouvelle coalition,  nommée « communauté politique européenne » (27 Etats membres de l’UE+ 17 autres Etats européens). Elle n’a rien à voir avec une « Europe de la Paix ! ». Elle ne sert qu’à montrer un semblant d’unanimité entre les pays d’Europe contre la Russie et pour le soutien à la clique dirigeante de l’Ukraine, alors que la majorité de ces pays font partie de l’Otan et continueront à se soumettre à ses directives.

En Belgique, le gouvernement et quasi tous les partis politiques, soutiennent le Plan 2030 de l’armée belge, incluant l’augmentation du budget militaire à 2% du PIB sans attendre cette date.  La Ministre de la Défense annonce que « 51 millions d’euros» ont été déjà employés pour fournir des armes à l’Ukraine, mais en fait ce seront des milliards d’euros,- l’essentiel du budget de l’Armée - qui vont être utilisés pour renforcer militairement l’Otan dans l’encerclement de la Russie, de la Baltique à la Mer Noire.

Le « Plan Start » (voir article dans ce numéro) qui met tout cela en œuvre, n’attend plus qu’une approbation du parlement pour y aller. Il n’est pas question d’un débat public. A la Commission de la Défense, il y a même eu des parlementaires pour trouver qu’on n’en fait pas assez, hélas pas seulement des députés de l’extrême droite…

Cessons de faire l’autruche ! Pour construire une « Europe de Paix » il faut démanteler la machine de guerre de l’Otan et toute l’économie de guerre dans laquelle notre pays s’engage de plus en plus.  Nous sommes convaincus que la majorité de la population ne veut pas de cette guerre et se rend compte que ce n’est pas « la faute de Poutine » si le « régime » capitaliste de Belgique veut nous faire payer sa crise et n’a pas laissé la moindre place à des négociations qui étaient possibles lors des discussions sur les accords de Minsk de 2021.

Le CSO lance la proposition de faire campagne pour porter plainte en justice contre les fournitures illégales d’armes belges à l’Ukraine. Même si cela peut sembler symbolique dans le déferlement actuel des propos et des actes belliqueux, il faut faire entendre les voix de ceux et celles qui s’opposent à cette guerre en Ukraine et à la machine de guerre de l’OTAN qui est aux commandes.