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La défense de l'Atlantique Nord passe-t-elle par l'occupation du reste du monde ?

Roland Marounek
1 novembre 2003

Il y a près de deux ans, notre comité se posait la question de la survie même de l’OTAN (« L’OTAN survivra-t-elle ? », Alerte Otan n° 7). La raison d’être de l’Alliance semblait de plus en plus difficile à justifier, et, à en juger à la façon dont l’envahissement de l’Afghanistan avait été mené (les USA avaient repoussé l’offre surréaliste d’activation de l’article 5 du Traité), l’Alliance semblait devoir être condamnée à être écartée au profit de coalitions « ad hoc » jugées plus malléables.

En août dernier, la mainmise par l’OTAN sur la mission des Nations Unies à Kaboul (ISAF), suivi peu de temps après de l’annonce que cette mission serait étendue à l’ensemble du territoire,  a apporté une réponse cinglante à ces interrogations.  L’OTAN était loin d’être en train de mourir de sa belle mort, mais bien au contraire s’affirmait soudain plus que jamais comme le bras armé du retour en force de l’impérialisme et du colonialisme.

On reste stupéfait du peu de réactions que ce coup de force a suscité. L’équipée de l’Alliance Atlantique en Asie Mineure n’a absolument plus aucun rapport avec la raison d’être officielle de l’OTAN, la défense du territoire des pays membres –  à moins de reprendre la rhétorique démentielle des partisans des "guerres" actuelles, selon laquelle la défense et la protection des pays occidentaux passe indispensablement par la destruction, avec des moyens d'une puissance jamais connue, des infrastructures de pays exsangues du Tiers-monde sous armés, sinon désarmés, et par l’occupation néo-coloniale de nations curieusement placées sur les routes du pétrole. Est-ce qu'il nous faut déchiqueter sous les bombes des dizaines de milliers d'Irakiens et d'Afghans innocents, et en empoisonner à l'uranium appauvri des millions d'autres, pour empêcher que quelques Saoudiens n'utilisent des cutters pour détourner des avions ? Ou pour détruire de mythiques armes-de-destructions-massives dont on avait depuis longtemps la preuve de l'inexistence ? "Protection", "sécurité", "légitime défense", par quelle logique ces notions doivent-elles être réservées aux pays de l'autoproclamé "Monde Libre", qui coïncident étrangement avec ceux qui pompent la majeure partie des richesses naturelles de l’ensemble de la planète ?

La mission dite "de maintien de la paix" de l’OTAN en Afghanistan est donc, pour parler platement, une expédition néo-coloniale, en tous points digne de celles du 19e siècle, pareillement bien emballée de bons sentiments. Elle a lieu alors que l'Alliance entreprend la mise en application des réformes de structure décidées discrètement en 2002 au sommet de Prague. Une de ces décisions les plus transparentes est celle de la création d’une Force de Réaction Rapide de l'OTAN, force d'élite comprenant 20.000 hommes et qui doit être opérationnelle dès 2006, prête à être déployée dans les 5 jours "partout où il le faudra". L'expédition afghane n'est sans doute que la partie actuellement visible de l'iceberg. On nous prépare à un fait accompli d'une extraordinaire gravité.

Roland Marounek
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