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Les bases nucléaires de l'OTAN en Europe

Pierre Piérart
31 juillet 2001

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été mise en place à Washington en septembre 1949. Elle comprend un Conseil des ministres des Affaires étrangères, un Comité réunissant les ministres de la Défense et un Comité militaire composé des chefs d’État-major des 19 pays membres. Le Traité de l’Atlantique Nord, signé à Washington le 4 avril 1949, prévoit à l’article 5 qu’une attaque contre l’un de ses membres implique automatiquement et solidairement un engagement militaire de l’ensemble de l’Alliance. Rappelons également que si la loi belge de 1962 autorise le passage et le séjour en Belgique des troupes de l’OTAN, elle reste muette à propos de l’entreposage des bombes par le propriétaire américain sur le site de Kleine Brogel. Selon l’article 121 de la constitution ce type de décision appartient au pouvoir législatif et non au gouvernement.

Située dans la partie Nord-Est du Limbourg, la base aérienne et nucléaire de Kleine Brogel, sous statut de l'OTAN, se dissimule dans les pinèdes, les bruyères et les réserves naturelles campinoises, entre Peer et Neerpelt, à quelques kilomètres de la frontière hollandaise. Les bombardiers F-16 y décollent régulièrement pour leurs missions nucléaires, à l'instar de celles des 6 autres pays zélés de l'Alliance (Allemagne, Hollande, Grande-Bretagne, Italie, Turquie et Grèce). Certaines rumeurs circulent néanmoins sur un transfert récent des bombes de la base grecque d'Araxos vers l'accueillante Italie.
Après la chute du mur de Berlin et la disparition du bloc de Varsovie, l'OTAN ne baissa pas la garde et se trouva une foule de raisons pour mener des missions alternatives en vue de justifier son existence après la fin de la guerre froide. Profitant de l'espace libéré par l'armée rouge l'OTAN s'est élargie en intégrant 3 nouveaux membres, la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie, et a conclu des partenariats pour la paix avec des dizaines de pays parmi lesquels 9 nouveaux candidats préparant activement leur intronisation fort coûteuse dans l'Alliance.

Aujourd'hui encore, 10 ans après la fin de la guerre froide, même si de nombreuses armes nucléaires ont été retirées du territoire européen, ce type d'armement, demeure considérable. Il se perfectionne malgré le renouvellement définitif du Traité de Non Prolifération (TNP), signé et ratifié par la quasi totalité des membres des Nations Unies (exceptés Israël, Inde, Pakistan et Cuba), et malgré les accords START I et II et autres résolutions votées au sein d'instances internationales.

En outre, il ne faut pas oublier l'avis de la Cour Internationale de Justice (CIJ) de juillet 1996 qui a déclaré que l'arme nucléaire devrait être compatible avec les règles du droit international des conflits armés.

L'OTAN maintient en Europe 15 bases nucléaires munies d'abris souterrains pour environ 200 bombes B-61 équipées d'un dispositif de quatre niveaux de puissance explosive compris entre 0,3 et 170 kilotonnes de TNT (Trinitrotoluène). Kleine Brogel avec ses 11 abris souterrains doit probablement détenir une dizaine de bombes B-61, soit une puissance explosive de 1700 kilotonnes correspondant à 100 Hiroshima!

Selon son nouveau concept stratégique, devenu plus agressif et adopté au sommet de Washington en avril 1999, l'OTAN continue à imposer la dissuasion nucléaire sur l'Europe, au mépris le plus total du droit international. En outre les États- Unis et la Belgique sont en infraction avec les articles 1 et 2 du TNP qui interdit à une puissance nucléaire de déployer des armes nucléaires sur le territoire d'un autre pays, nucléaire ou non, et, pour ce dernier, d'accepter un tel transfert.

Le lundi 16 avril 2001 s’est déroulée à la base de Kleine Brogel une manifestation d’environ 2000 personnes parmi lesquelles de nombreux jeunes des quatre coins du pays pour réclamer de la part des instances juridiques belges leur avis sur la légalité du déploiement d’armes nucléaires sur le territoire national. Environ 800 militants ont franchi les clôtures du domaine militaire en invoquant le droit international, l’avis de la Cour Internationale de Justice de juillet 1996 et les principes du code du tribunal militaire de Nuremberg qui invite les citoyens à dénoncer la programmation de crimes de guerre.

ABOLITION 2000, réseau international de plus de 2000 associations, exige du gouvernement belge une prise de position claire et nette au sujet de ces armes nucléaires qui devraient, selon les directives du Pentagone et de l’OTAN, être révisées et maintenues illégalement jusqu’en 2018.

Pierre Piérart
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