Nous publions ci-dessous des extraits de l’avis de la plateforme ‘Stop Militarisation’ sur la proposition de loi « relative à l’envoi d’une lettre de sensibilisation aux enjeux sécuritaires modifiés pour lequel l’accès à certaines informations du Registre national des personnes physiques au Ministère de la Défense est nécessaire ». En clair, l’envoi d’un courrier à tous les jeunes de 17 pour les inciter à rejoindre les forces armées.
Dans son accord de coalition, le gouvernement fédéral a annoncé vouloir travailler au développement d’une nouvelle « culture pansociétale de la sécurité ». Parmi les mesures spécifiquement prévues pour les jeunes figurent : la création d'une réserve militaire renforcée et d'un service militaire volontaire de 12 mois pour les jeunes à partir de 18 ans, une présence renforcée de l'armée dans l'enseignement par le biais de référents militaires et un élargissement de la formation aux « métiers de la sécurité » dans les écoles.
C’est dans le cadre de cette « nouvelle culture de la sécurité » que la Plateforme « Stop Militarisation » appréhende le potentiel envoi annuel d'une « lettre de sensibilisation » à tous les jeunes de 17 ans, pour un nombre pourtant limité de places disponibles.
Cette volonté de s’adresser directement à tous les jeunes présents sur notre territoire laisse en effet supposer que l'objectif réel est de rendre ceux-ci perméables à l’interprétation militariste que le gouvernement soutient. Une telle approche est particulièrement préoccupante lorsqu'elle vise principalement les jeunes, une génération déjà fragilisée par l'incertitude. La perspective d'un salaire de 2 000 euros peut conduire à normaliser cette vision unilatérale de la sécurité pour une génération en quête de sens et de stabilité socio-économique.
A cet effet, la plateforme « Stop Militarisation » veut rappeler que la recherche de la sécurité peut et doit être appréhendée différemment. L'exposé des motifs de la proposition de loi précise que « l’invitation pour un service militaire volontaire doit être perçue comme une invitation à accomplir une action citoyenne ». Nous nous inscrivons en faux vis-à-vis de cette interprétation étriquée du service civique. Nous lui opposons une vision bien plus pérenne, notamment promue par les Nations Unies, qui repose sur la « culture de paix » et le dialogue. Dans cette perspective, la citoyenneté est beaucoup plus large et requiert des aptitudes essentielles telles que l'empathie, l'esprit critique et la recherche de la vérité. Elle se fonde sur les valeurs de solidarité, de pluralisme, de justice et d'égalité.
Principaux points d’attention