1 juin 2000
Lors dune interview réalisée à Casteau (Mons), siège du SHAPE, à loccasion de la fin (anticipée) de son mandat de commandant suprême des forces de lOTAN en Europe, le général Clark a exposé ses « leçons du Kosovo ». Celui que son collègue britannique Jackson accusait, en juin 1999, de vouloir « déclencher la troisième guerre mondiale », ne sembarrasse pas de précaution oratoire.
A len croire, les Occidentaux ont commis la grande erreur, au printemps 1999, de ne pas bombarder à fond dès le début, en particulier les infrastructures civiles, et de ne pas avoir planifié une invasion terrestre. Mais les États-Unis et leurs alliés ont malgré tout gagné « parce que lunité de lOTAN était en jeu et est donc devenue un intérêt vital des démocraties occidentales. La bonne chose émergeant du Kosovo est que le monde devrait être maintenant prévenu. LOTAN peut et fera tout ce qui est nécessaire pour défendre les intérêts occidentaux vitaux. »
Et pour terminer, sans même évoquer un seul des prétextes humanitaires qui dégoulinaient de sa bouche au printemps 1999, il affirme, menaçant : « Les adversaires potentiels devraient reconnaître que les nations occidentales sont pleinement capables militairement, diplomatiquement et industriellement dopérations de combat de haute intensité incluant lutilisation de forces terrestres, quand leurs intérêts vitaux sont impliqués, et même quand des intérêts moins vitaux sont impliqués. »
Linterview sachève en nous informant que Clark vient de recevoir la Légion dhonneur du président Chirac et quil est le premier commandant de lOTAN à avoir été reçu par un chef dÉtat français depuis la rupture France OTAN sous de Gaulle. Quelques jours auparavant, Clark avait accepté une autre médaille de la part de Hashim Thaci, pour ses inestimables services rendus à la cause de lArmée de libération du Kosovo, qui a organisé le nettoyage ethnique des minorités kosovares et installé un régime mafieux dans la province.
Source : International Herald Tribune, 3 mai 2000