Alerte Otan n° 77 - Octobre 2020
Éditorial :
Levons le tabou sur les dépenses militaires et on trouvera l’argent pour financer notre sécurite sociale

La véritable sécurité de la population, en Belgique, en Europe et dans le monde entier, ne consiste-t-elle pas à disposer des moyens pour une vie digne, c'est-à-dire à pouvoir se nourrir, se loger, s’éduquer, se cultiver, se reproduire ou non, mourir dans la dignité. L’humanité dispose déjà de tous les moyens, industriels, culturels, technologiques, scientifiques pour établir une justice sociale, pour dépasser les concurrences féroces et les guerres .

La question du financement de la sécurité sociale ne devrait même pas se poser. L’entièreté des budgets et des bénéfices des biens produits par la collectivité pourraient être consacrés au progrès et au bien-être de toute la population : c’est cela la véritable sécurité. 

Et pourtant, on en est loin ! Le nouveau gouvernement formé péniblement après de longs mois de disputes en tout genre, se pose encore la question : où trouver l’argent pour financer la sécurité sociale, comment « gagner la guerre contre le coronavirus », mais il se tait encore et toujours sur les dépenses militaires énormes dans lesquelles ses prédécesseurs se sont engagés . 

L’allégeance de la Belgique à l’Otan en est une des principales raisons. Des milliards d’euros sont consacrés à la soi-disant modernisation de l’armée belge, à l’achat des nouveaux avions bombardiers nucléaires, à la participation de notre pays aux expéditions militaires de l’Otan sur tous les continents, aux préparatifs de guerre, inclus nucléaire, contre la Russie et contre la Chine, aux guerres contre l’émancipation des ex-pays coloniaux. 

Les partis , qui étaient hier dans l’opposition et votaient parfois contre les décisions du gouvernement Michel, participent au nouveau gouvernement et vont avaliser, sans sourciller et sans discuter, l'essentiel décidé sous le précédent gouvernement : achat des F-35 , envoi des F-16 dans la guerre en Syrie, augmentation des dépenses militaires exigées par l’Otan. A aucun moment, ces questions n’ont fait partie des négociations . Un accord tacite a existé entre les négociateurs de tous les partis pour ne pas les aborder.

Si quelques maigres concessions ont été obtenues en faveur des secteurs plus pauvres de la population, ce n’est pas grâce à leur habilité de manœuvre . C’est grâce à la mobilisation des travailleurs de la « première ligne», que les dégâts causés par l’imprévoyance et l’indifférence des pouvoirs face à la pandémie ont pu être contenus, c’est grâce à la solidarité et à la mobilisation syndicale et sociale, que des centaines de milliers de travailleurs sans emploi ont pu maintenir la tête hors de l’eau.

Il faudra faire de même pour obtenir une réduction drastique des dépenses militaires, et pour que tout cet argent soit transféré dans les dépenses sociales nécessaires pour assurer une véritable sécurité à la population de notre pays.