Alerte Otan n° 51 - Janvier 2014
Éditorial :
Où sont les succès de la Belgique dans le maintien de la paix ?

Dans son discours de Noel, le roi Philippe a déclaré : « Nos militaires sont engagés avec succès dans des opérations de maintien de la paix ». Par sa voix, c’est l’ensemble du gouvernement qui rend ainsi hommage à l’armée et qui justifie la politique extérieure de la Belgique. En évitant la désignation d’une opération en particulier, toutes sont présentées en vrac comme des contributions au maintien de la paix mondiale.
Il faut pourtant bien nommer la plus importante de ces interventions en 2013 : la participation de la Belgique à la guerre de l’Otan en Afghanistan. Parler de son « succès » pour le maintien de la paix relève du mensonge. Au bout de 12 ans de guerre dont 10 sous la direction de l’Otan, le bilan est catastrophique.
Les fauteurs de cette guerre, le gouvernement US et tous ceux de l’Otan, sont en train de négocier le retour au pouvoir des talibans contre lesquels la coalition internationale s’était formée au nom de la « lutte contre le terrorisme », la population afghane compte par milliers les morts de civils, hommes, femmes et enfants, que cette Coalition prétendait sauver des griffes des Talibans. Notons l’absence de chiffres sur ces morts alors qu’ils savent être si précis en Syrie quand il s’agit d’en rendre responsable le gouvernement de Bachar Al Assad. Le niveau de vie de la grande majorité est misérable, les conditions de santé, d’éducation, la situation des femmes le sont également, malgré la « protection » des 150.000 militaires Otan/US, malgré la participation « humanitaire » des militaires belges.
Les Afghans qui ont fui la guerre et à qui le gouvernement belge refuse toujours le droit d’asile, sont les témoins de cette situation de leur pays. Ils sont aussi la preuve du mensonge de l’Etat quand celui-ci parle du « succès des opérations de maintien de la paix ».
Mais on peut faire le même bilan des autres « opérations » de l’armée belge et aussi des engagements militaires de la Belgique au sein de l’OTAN . Il n’y a aucune initiative réelle pour avancer vers le désarmement nucléaire, les bombes atomiques restent stationnées à Kleine Brogel et le ministre de la Défense déclare sans vergogne sa décision d’accepter leur modernisation ainsi que son choix des avions de chasse F-35 qui seront nécessaires à leur utilisation. Pieter De Crem a continué à faire le va-t-en-guerre en glorifiant « l’opération Libye » et en appelant à la reproduire en Syrie.
Toutefois, sur le plan international, les rapports de forces ont évolué. Au Moyen-Orient, les puissances occidentales ont dû surseoir à la guerre contre la Syrie et contre l’Iran, du fait de la résistance des populations de ces pays, et de l’opposition profonde des gens à une nouvelle guerre, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe et aussi grâce à la fermeté de la Russie, des pays BRICS, de la plupart des Etats d’Amérique Latine pour défendre la souveraineté et la légitimité de l’Etat syrien.
L’allégeance à l’OTAN n’est pas encore remise en cause en Belgique, mais le doute s’installe de plus en plus dans les partis de la majorité comme de l’opposition. Au parlement, certains députés se sont même demandé si la Belgique ne devient pas une « république bananière », en constatant que le ministre de la Défense et quelques hauts gradés militaires prennent des décisions sur les choix de l’armée belge. Une proposition de loi est déposée afin que la Belgique devienne un territoire sans armes nucléaires. Que 2014 soit l’année de réelles avancées pour rompre la logique de guerre de l’OTAN !