Alerte Otan n° 4 - Février 2001
Éditorial

L’utilisation de l’uranium appauvri dans les armes et munitions fait partie de la vaste panoplie des moyens mis en œuvre ou étudiés par l’état-major de la plus grande machine de guerre de l’histoire qu’est l’OTAN. C’est pourquoi le Comité Surveillance OTAN veut contribuer à dénoncer les méfaits de l’uranium appauvri et les dangers qu’il fait courir, tant aux troupes de l'OTAN qu'aux populations civiles des régions bombardées et du monde entier. Notre Comité s'est donc associé à diverses ONG pour fonder la "Coalition pour l’abolition des armes à uranium appauvri" et prépare activement la première manifestation publique de cette coalition, une importante conférence qui aura lieu ce 1er mars à l'ULB. Le CSO développe également largement les enjeux de l'utilisation de ce métal hautement toxique dans ce numéro de "Alerte Otan".

Nous ne pouvons nous satisfaire de la positon minimaliste du Parlement européen, qui s’est contenté de demander un moratoire sur l’utilisation des armes à UA, alors que seule leur interdiction et leur abolition pure et simple auraient pu se justifier. De plus, même si le Parlement européen votait l’interdiction, l’OTAN ne serait nullement contrainte d’obéir, vu que ses pouvoirs de décision sont au-dessus des lois de ses membres et que chaque soupir de la Maison Blanche y a bien plus de poids que toutes les résolutions parlementaires.

En ce qui concerne la Belgique, le moratoire signifie moins encore, puisque le gouvernement n’a aucun pouvoir sur la fabrication, la vente et l’utilisation de ces armes. Par contre, il serait important qu’il se prononce enfin sur la présence de bombes nucléaires sur la base de Kleine Brogel dans le Limbourg. Pour avoir des informations officielles sur le sujet et pour réclamer le "retour à l'envoyeur (américain)" de cet arsenal équivalent à plusieurs centaines d'Hiroshima, le CSO participe à la mobilisation pour l’inspection de la base le 16 avril prochain.

Mais ce ne sont malheureusement pas les seuls points d’actualité concernant l’OTAN. Avec l'arrivée de l'administration Bush à la tête des Etats-Unis, les pressions sur l’Union européenne vont encore s'intensifier pour qu'elle se soumette à la logique des intérêts américains qui sous-tend la stratégie de l’OTAN. Malgré le changement de gouvernement en Yougoslavie, les pays du bloc occidental continuent à s'ingérer dans les affaires intérieures du pays et refusent la simple évocation de dommages de guerre à ceux qu'ils ont bombardés au moyen de missiles de croisière, de mines à fragmentation et d'uranium appauvri pendant près de trois mois. Tout ceci ne donne que plus de ressort aux activités du Comité de surveillance OTAN, dont l’impact auprès du public emprunte une courbe résolument ascendante.