Alerte Otan n° 16 - Décembre 2004
Éditorial :
Delit d’ingérence de l’OTAN en Ukraine

« Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l’OTAN, a exigé une révision de l’élection présidentielle en Ukraine et une solution non-violente. Il a aussi évoqué la très grave préoccupation de l’Alliance à l’égard des fraudes relevées par les observateurs  » (Le Monde, 24 novembre 2005).

Au nom du partenariat qui lie l’OTAN et l’Ukraine, le Secrétaire général considère que ses préoccupations et ses exigences sont légitimes et justifiées. On peut se demander pourquoi cette sollicitude pour la démocratie se manifeste de façon aussi inégale : les fraudes n’avaient pas manqué aux élections nord-américaines qui avaient permis l’avènement de Bush. On se rappellera aussi comment Jaap de Hoop Scheffer avait, en octobre dernier, salué avec lyrisme comme une grande victoire de la démocratie, les élections largement truquées en Afghanistan.Et pour prendre un exemple récent, les élections en Roumanie n’auraient pas été sans taches non plus. Mais comme c’est le « bon » qui a gagné au premier tour (à quelques milliers de voix près..), les choses en sont restées là.

L’OTAN a donc des préoccupations démocratiques à géométrie variable. Pour ce qui est de l’Ukraine, il lui faut absolument s’assurer que le nouveau gouvernement continuera la marche de ce pays vers une intégration pure et simple à l’organisation euro-atlantique et rompra définitivement ses liens avec la Russie. Or, cette marche ne semble plus aussi simple. Par exemple, le parlement ukrainien a voté pour le retrait immédiat des soldats envoyés en Irak, alors que le gouvernement avait offert ces troupes à la Coalition dirigée par les Etats-Unis en gage d’allégeance.

En Ukraine, la population n’est pas toute de couleur orange. La TV n’a pas convaincu le public belge en passant inlassablement pendant des jours les images de la même foule rassemblée à Kiev. Il ne s’agit pas pour nous ici de dire qui sont les « bons » et qui sont les « mauvais », mais nous ne pouvons accepter d’office comme « bons », ceux qui sont désignés comme tels par l’OTAN et l’Occident !

Cette ligne de conduite proférée par le Secrétaire Général de l’OTAN signifie que l’Europe continue à suivre la stratégie des Etats-Unis. Celle-ci n’a évidemment pas changé avec le nouveau gouvernement Bush : l’encerclement présent et le démantèlement futur de la Russie, ainsi que la mainmise sur les richesses pétrolières du Caucase, restent nécessaires pour asseoir la puissance militaire et la domination des Etats-Unis.

Cette situation doit interpeller tout le mouvement de la paix en Belgique ! De nouvelles guerres sont en train de se préparer sous nos yeux, près de chez nous. N’oublions pas le précédent de la liquidation de la Yougoslavie et les bombardements de l’OTAN sur Belgrade en 1999. Ensuite, l’OTAN s’est installée par la force militaire en Afghanistan. Maintenant, elle intervient dans la guerre en Irak. Et demain, au tour de l’Ukraine ?