Alerte Otan n° 13 - Mars 2004
Éditorial :
Pas d'OTAN en Irak !

Nous avions rejeté l'invasion, on veut nous faire avaler l'occupation via l'OTAN.

L'année passée, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne envahissaient et occupaient l'Irak. Et ce, malgré l'indignation et la colère de millions de personnes qui étaient descendues dans les rues du monde entier pour manifester leur opposition à la guerre. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, avait-on vu une telle masse crier simultanément son dégoût de l'agression impérialiste.

Aujourd'hui, on connaît l'ampleur des mensonges et des manipulations qui avaient justifié l'attaque de l'Irak, mais l'occupation coloniale est un fait accompli. Bien qu'on ait démontré la fausseté des prétextes, les richesses irakiennes sont supposées devoir payer les dommages de guerre au mépris de toute règle, si ce n'est celle du plus fort. L'autorité provisoire brade les richesses via la privatisation au nom de l'économie de marché, ce qui a permis aux dignitaires du régime Bush d'empocher directement des milliards de dollars. Ainsi est crûment exposé l'un des motifs centraux de la guerre, bien plus réel que le désarmement de Saddam ou le désir soudain d'apporter la démocratie aux Irakiens survivants.

Et malgré la nausée qui nous saisit devant ce cynisme et l'exposition des mensonges, nous voyons parallèlement l'OTAN dévoiler de plus en plus ouvertement son projet de s'impliquer en Irak.

En fait l'Alliance atlantique participe déjà discrètement à l'occupation de l'Irak en fournissant l'appui logistique aux forces d'occupation conduites dans le secteur dévolu à la Pologne. Et 18 des bientôt 26 pays membres (dont les 7 nouveaux, dont les gouvernements s'alignent inconditionnellement sur les Etats-Unis) ont déjà des troupes sur place.

Le scénario suit manifestement celui rodé en Afghanistan : l'OTAN soutient d'abord par sa logistique quelques pays dans un secteur particulier ; puis, sans coup férir, elle prend officiellement le commandement de ces forces ; enfin, elle compte étendre son contrôle sur l'ensemble du pays. On prévoit peut-être de nous refaire le coup d'août 2003, lorsque l'OTAN avait pris le contrôle de l'ISAF : pendant les vacances d'été, lorsque les Européens enterrent leurs morts de la canicule, les choses ont sans doute plus de chances de passer inaperçues.

Les gouvernement des pays de l'Alliance, naguère les plus opposés à l'attaque de l'Irak, sont en train d'effectuer une vertigineuse courbe rentrante : il s'agit de ne pas être trop absent dans le pillage des richesses de l'Irak, pillage pudiquement rebaptisé " libéralisation " et " reconstruction ". En Belgique, Louis Michel, après avoir accepté sans broncher que le gouvernement US dicte directement au parlement belge la mise au placard de la loi de compétence universelle, déclare à présent qu'il est de notre devoir d'aider les Américains en Irak. Ses déclarations tonitruantes d'alors se sont avérées n'être que du vent.

Il est certain que l'on va tenter de nous vendre la participation de la Belgique via l'OTAN à l'occupation sous les vocables de " mission de maintien de la paix " , " stabilisation de l'Irak ", " pacification ",ou " aide au peuple irakien ", comme cela a déjà été le cas en Yougoslavie. Et ainsi, malgré nous, malgré la volonté populaire d'agir contre la guerre et malgré les belles déclarations pacifistes de nos gouvernants, la Belgique sera bientôt partie prenante à l'occupation de l'Irak et soulagera par la même occasion l'armée US, appelée sans doute à d'autres aventures exaltantes "contre le terrorisme et les armes de destruction massive".

Nous devons à tout prix faire échouer ce plan. La seule aide à apporter au peuple irakien, c'est de soutenir la résistance, empêcher le soutien logistique de la Belgique à l'occupation et dénoncer les plans de l'OTAN de prendre en charge la colonisation de l'Irak.