Jeunes Belges en Syrie: djihadistes ou mercenaires?

Patricia Villalon
17 décembre 2015

Depuis le début du conflit syrien, Alerte Otan1 dénonce la mystification des autorités de notre pays concernant ces jeunes belges partis faire une soi-disant «  guerre sainte contre le régime de Bachar Al Assad  ».  Les responsables politiques belges sont allés jusqu'à les considérer comme "des héros" et à les comparer aux jeunes qui s'engageaient dans les brigades internationales pendant la guerre d'Espagne en 1936.

Si on cherche dans le temps les explications à ce phénomène, on peut se rendre compte que l'intervention occidentale contre la Syrie a été précédée par l'invasion en Irak, ensuite c'était la Libye qui était attaquée par les mêmes envahisseurs, puis la Syrie devait être aussi être libérée de "ces malades des dictateurs", qui osent défier le pouvoir et surtout désobéir aux injonctions des soi-disant pays civilisés. 

Les premiers jeunes belges partis en Syrie se sont invités au conflit dès 20112. A cette époque il y avait en Belgique un climat propice, des sectes telles que Charia4Belgium, bénéficient d'une certaine liberté des mouvements, diffusent des appels à la haine et à la violence, et invitent les jeunes musulmans à se rendre en Syrie pour lutter contre Bachar Al Assad, qualifié de "pire dictateur".

Dans notre pays, c'était l'Arabie saoudite qui avait le monopole de l'éducation religieuse des musulmans arabophones, et si on est arrivé a ce stade, c'est surtout parce que les autorités belges ont laissé faire, en permettant aux groupes extrémistes, de radicaliser et polariser la communauté musulmane sans que personne ne s'y oppose. 

Depuis que le conflit a commencé en Syrie, les familles des "djihadistes" belges ont été abusées par le calcul cynique des autorités gouvernementales, celles-ci ont permis à un réseau comme Charia4Belgium, non seulement de faire ses valises et partir en Syrie, mais également d'emmener avec lui un bataillon de jeunes égarés en quête d'aventures et de sensations fortes; c'est ainsi que même des mineurs d'âge ont pu prendre l'avion à l'aéroport de Zaventem, sans autorisation parentale, ce qui en principe est strictement interdit.

A la fin de 2013, le journal La Dernière Heure titrait : "Des camps d'entrainement pour jeunes djihadistes dans les Ardennes" . Un bien curieux appel avait été lancé sur Facebook, à l'initiative d'un certain Abou-Moussa, un islamiste radical proche de Fouad Belkacem de Charia4Belgium, invitant des jeunes djihadistes aux camps d'entrainement pour assimiler le b.a.ba de la guerre sainte au cœur même de la Province de Luxembourg. Les djihadistes belges sont ainsi devenus (peut être) à leur insu, des mercenaires de l'OTAN en Syrie. Et en retour, les pays de l'OTAN sont devenus les complices de mouvements terroristes. L'Arabie Saoudite est leur principal mécène et fournisseur d'armes. Mais les mercenaires de Daesh utilisent des armes fabriquées et vendues par un grand nombre de pays, notamment les Etats-Unis.   

L'Occident ne combat pas DAESH, qui est sa propre création

Le vétéran nord-américain de la Guerre du Golfe, et maintenant militant pour la vérité, la justice et la paix, Ken O'Keefe3, argumente que la guerre contre le terrorisme est une mascarade, un tissu de mensonges, que les politiciens et médias dans leur ensemble mentent au sujet de Daesh:

Partout où les occidentaux passent (Irak, Libye, Syrie) ils sèment Daesh ou son équivalent. Par contre en Iran, les occidentaux n'ont jamais pu passer, ce terrorisme dit islamique n'existe pas dans la République islamiste d'Iran. Les USA, la Turquie et l'Arabie Saoudite (et les gouvernements occidentaux qui sont ses alliés) sont les premiers financiers de Daesh avec la complicité du Qatar et d'autres Etats du Golfe. Avant que les USA envahissent l'Irak, il n'y avait pas de Al-Qaïda en Irak; en Libye avec le gouvernement de Kadhafi, il y avait très peu de Al-Qaïda, maintenant la Libye est un pays totalement sinistré et infesté de ces gens. La Syrie sous le gouvernement de Bachar Al Assad est un autre exemple de pays où les problèmes liés au terrorisme étaient sous contrôle.

L'idée que l'occident se bat contre Daesh est hautement ridicule. La raison pour laquelle nos gouvernements traîtres et corrompus soutiennent ces politiques, c'est parce qu'ils ne nous représentent pas, ils représentent les banquiers, et les banques font un maximum d'argent avec les guerres, et plus important encore, pendant que nous nous battons entre nous (islamophobie), que nous nous méfions les uns des autres, qu'on nous utilise comme des pions encore et encore, ils peuvent maintenir ce système tyrannique des guerres sans fin.

Il s'agit d'un plan pour créer un choc des civilisations. Il n'existe pas de "rebelles modérés", la stratégie est de créer le chaos en Moyen Orient, ce sont des politiques intentionnelles pour créer le chaos, pour semer les graines d'une haine sectaire.

Notes

(1) voir le bulletin Alerte Otan n°53
(2) voir le livre "Syriana" et les articles de Bahar Kimyongür
(3) voir l'interview de Ken O' Keefe à la TV iranienne, Press TV du 20.11.2015