Roland Marounek
22 février 2025
En décembre dernier, la Finlande a saisi dans les eaux internationales de la mer Baltique un navire transportant 100.000 barils de pétrole russe. Cet acte de piraterie factuel était justifié par l’accusation, toujours non prouvée, que le pétrolier aurait endommagé à dessein des câbles électriques sous-marins.
Le problème réel, c’est que les sanctions décrétées par l’UE contre l’exportation de pétrole russe ne peuvent empêcher les pétroliers de passer à travers les eaux internationales de la Baltique, malgré que cette mer soit maintenant bordée de pays de l’OTAN : près de 50% du brut russe passe sous leur nez, dans « leur » mer !
« Sans s'attaquer à la ‘flotte fantôme’, les Occidentaux permettent à la principale source de revenus de la Russie de se développer », se lamente un expert, exprimant toute la frustration des alliés de l’OTAN.
Aussi l’Union européenne envisage désormais ouvertement des actions pour saisir davantage de navires transportant le pétrole russe. Le souci majeur est d’arriver à donner une apparence légale à un acte grossièrement contraire au droit de la mer : est ainsi envisagé de créer des lois européennes sur mesures, qui permettraient d’arraisonner des navires « risquant de nuire à l’environnement », ceux qui ne se sont pas assurés auprès d’une liste agréée d’assureurs, ou enfin des navires « soupçonnés de menacer des infrastructures sous-marines essentielles ».
C’est ici que l’histoire bizarre de « la guerre hybride de Poutine » qui chercherait à endommager aléatoirement des câbles sous-marins prend un peu plus de sens. Si on ne voit pas directement le bénéfice retiré par la Russie par une action inefficace, par contre les avantages tirés de telles accusations deviennent évidentes.
« Même si nous pouvons simplement ralentir les navires, cela nuirait déjà à la Russie » déclare un responsable gouvernemental lithuanien, avouant ainsi que les préoccupations environnementales ou sécuritaires ne sont que des prétextes.
En janvier le Washington Post révélait dans un article passé assez inaperçu que « Des accidents, et non un sabotage russe, sont à l'origine des dommages causés aux câbles sous-marins, selon les services de sécurité américains et européens »... (Source : Politico, 10/02)