Désarmement nucléaire, ou nouvelle stratégie nucléaire de l'Otan ?
25 avril 2010

A l’approche de la Conférence de révision du TNP (mai 2010) et du Sommet de l’Otan à Lisbonne (novembre), les mobilisations se développent en Europe et aux États-Unis contre l’armement nucléaire et contre les guerres de l’Otan. Ce ne sont sans doute pas des manifestations de masses comme nous les avons connues dans les années 70 contre la guerre au Vietnam, ou dans les années 80 contre les missiles, quand il y avait 300.000 manifestants dans les rues de Bruxelles. Mais celles qui se préparent en 2010 témoignent en tout cas d’une importante réanimation des mouvements pour la paix et anti-guerre, et d’une prise de conscience que la fin de la dite « guerre froide » ne nous a pas rapproché de la paix dans le monde.

Déjà en 2009, la pression des mobilisations contre l’installation du bouclier anti-missile en Pologne et en Tchéquie a contribué à un changement de tactique des États-Unis et de l’Otan et à l’annonce de la non-installation des éléments de ce bouclier dans ces deux pays. En Belgique, les mobilisations persistantes contre la présence des bombes nucléaires à Kleine Brogel ont forcé jusqu’à d’anciens ministres et dignitaires de l’Otan (De Haene, Willy Claes) à se prononcer pour la dénucléarisation militaire de l'Europe. Il est possible qu’au lendemain du prochain bomspotting, le gouvernement annoncera au parlement et au pays qu’il est résolu à défendre vaillamment ces positions à la conférence de l’ONU sur le TNP.

Les nouveaux accords de réduction des têtes nucléaires qui s'annoncent entre les USA et la Russie sont certainement une bonne chose. On ne peut que se réjouir d'apprendre que les armes nucléaires qui resteraient ne pourraient plus détruire la terre que 20 fois au lieu de 30.

Mais on ne doit pas se réjouir exagérément, les beaux discours et les prix Nobel ne doivent pas occulter le fait que ni les États-Unis ni l'Otan ne renoncent à la stratégie nucléaire, et donc à la présence d’armes atomiques dans des pays de l’Otan, que ce soit en Belgique ou ailleurs. D’autre part, la réduction des armes nucléaires ira de pair avec un déploiement accru des armes conventionnelles, « devant être capables de frapper n'importe où dans le monde dans un délai d'une heure », selon un responsable US.

Enfin, le 'Bouclier' anti-missiles, qui est le corollaire indispensable d'une première frappe nucléaire, n'est pas du tout abandonné, mais juste délocalisé en Roumanie et Bulgarie. Et très bientôt, la Pologne sera dotée de missiles anti-missiles Patriot perfectionnés en attendant des engins de nouvelle génération qui font l’objet de recherches très importantes aux États-Unis (guerre des étoiles déjà initiée par Reagan).

Si l'annonce, attendue, d'un retrait des armes nucléaires de notre territoire devait "être compensée" par une participation accrue dans le bourbier afghan, ou par la caution à une nouvelle aventure militaire de l'Otan - contre la prétendue menace nucléaire iranienne par exemple-, alors ce retrait laisserait un arrière-goût singulier, et n'aura pas signifié grand chose.

Nous croyons plus nécessaire que jamais de remettre en question l’appartenance de notre pays à l’Otan et cette aveugle soumission à la machine de guerre.