L'Amérique Latine et l'Otan
Claudine Pôlet
30 septembre 2008

Depuis que la Belgique, via l’Otan, a participé à des manœuvres militaires dans les Caraïbes aux côtés des Etats-Unis, il convient de rester attentifs à toutes les opérations US tant le long des côtés des Caraïbes que le long de l’Atlantique du Sud. Le redéploiement de la IVe Flotte américaine dans l’océan Atlantique doit nous inquiéter dans la mesure où de nouveaux appels à contribution de l’Otan sont possibles dans un proche avenir.

Et quand Le Soir titre un article récent sur les accords militaires entre le Venezuela et la Russie « le temps des provocations », on pourrait croire que le journaliste parle des « provocations » de la flotte américaine... mais non, il qualifie de provocations la signature de l’accord par la Russie qui oserait narguer les États-Unis dans leur zone d’influence !

Rappelons ce que faisait la Belgique dans les Caraïbes en avril 2006 : (Alerte Otan n°26) : la flotte militaire belge est intégrée à celle des Pays-Bas qui elle-même est une composante importante des forces de l’Otan. L’Otan est appelée à la rescousse de la flotte US pour participer à une manœuvre dite « Confraternité avec les Amériques », destinée à « resserrer les relations militaires et affiner les efforts de lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme ».

En même temps, le gouvernement néerlandais accusait le Venezuela de vouloir annexer une des îles proches de ses côtes, et considérée comme territoire « national » par les Pays-Bas.

Les « terroristes » sont donc tout désignés : le Venezuela et Cuba. Mais depuis lors, s’ajoutent à la liste des pays dits menaçants comme la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua, le Paraguay, l’Argentine.. et jusqu’au Brésil, qui défend sa souveraineté nationale et ses ressources énergétiques. Les différents pays latino-américains cherchent aussi à unir leurs forces militaires avec la récente constitution de l’Union des Nations sud-américaines. Non seulement le Venezuela, mais également le Brésil, développent des accords militaires avec la Russie, concernant l’achat d’armes et l’accès à leurs territoires.

Selon Prensa Latina, « les avions stratégiques arriveront au Venezuela le 10 septembre, pour réaliser des vols d’entrainement à l’invitation du président Hugo Chavez. En réponse à l’expansion de l’Otan vers les frontières russes, Vladimir Poutine, alors chef du Kremlin, ordonna le 17 août 2007, à l’aviation stratégique de reprendre les patrouilles sur des zones éloignées, suspendues depuis 1992. Poutine confirma que ces missions stratégiques se réaliseraient dans des zones de navigation intense des océans Pacifique, Atlantique, Glacial Arctique et dans la Mer Norie et la Méditerranée, en défense des intérêts économiques de la Fédération. »

La Agencia Bolivariana de Noticias informe d’autre part que « plusieurs navires de guerre russes naviguent vers le Venezuela ce lundi (22 septembre 2008) pour participer à des manœuvres conjointes avec la marine vénézuélienne.. La flotte accomplira des missions, conformément aux règles de l’utilisation de la Marine de Guerre en temps de Paix. .. Ces manœuvres, inédites dans les Caraïbes, se réaliseront dans une région que les Etats-Unis considèrent depuis plus d’un siècle comme leur zone d’influence et à un moment où les relations russo-américaines se sont clairement refroidies depuis l’intervention russe en Géorgie en août 2008 ».

Le Brésil se prépare également. Le New York Times du 23 septembre informe « L’Opération Atlantique simule des actions de défense du Port de Sao Sebastiao (Près de Sao Paulo), avec des missiles russes... Cette ré »gipon est choisie car elle est considérée comme d’une extrême importance économique pour le Brésil. Une partie importante des infrastructures portuaires est consacrée à l’Industrie navale et à la Marine marchande brésilienne. Ce port est donc un point sensible face à une menace étrangère.
L’Opération Atlantique est aussi un exercice de guerre en défense des bases pétrolifères, ainsi qu'en défense des raffineries, ports, gazoducs, oléoducs
 ».

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