Alerte Otan n° 40 - Janvier 2011
Éditorial :
Adoption du nouveau Concept Stratégique à Lisbonne
Votre nouveau "prestataire de sécurité" planétaire est arrivé 

Le 19 novembre, à Lisbonne, la Belgique a signé, yeux fermés et bouche cousue, la "Déclaration finale des Chefs d’Etat » adoptant le Nouveau Concept Stratégique (NCS) de l’Otan devant servir de "feuille de route" pour les 10 prochaines années. Comme on peut le lire dans d’autres articles d’ Alerte Otan, le Parlement belge n’a pas voté ni même eu connaissance du contenu de ce document. La Commission parlementaire de la Défense et des Affaires Etrangères a tout juste pu poser quelques questions aux ministres concernés lors de l’audition tenue trois jours avant le Sommet de Lisbonne. Les partis politiques progressistes représentés au parlement n’ont pas osé dénoncer cette situation, ni forcer le gouvernement à un débat devant l’assemblée, ni même juger utile de prendre connaissance de ce document. Ils se justifient en disant, soit que la question de l’Otan ne vaut pas un débat risquant d’en rajouter à la crise gouvernementale actuelle, soit que l’Otan doit rester coûte que coûte le lien essentiel entre l’Europe et les Etats-Unis.

Qu’est-ce que la Belgique a obtenu au Sommet de l’Otan de Lisbonne sur la question du désarmement nucléaire de l’Europe et sur l’agenda de retrait des militaires d’Afghanistan ? Un mot dans la Déclaration finale, disant que l’Otan veut "contribuer au désarmement nucléaire global" et un autre sur une vague possibilité de réduire l’importance numérique des forces armées opérationnelles en Afghanistan, à une date non précisée. Pourtant, c’étaient les deux seuls points à propos desquels nos ministres se targuaient de pouvoir infléchir les décisions de l’Otan.

Par contre, ce que la Belgique a signé à Lisbonne, c’est un chèque en blanc pour la poursuite de l’expansion de l’Otan et sa transformation en "prestataire de sécurité", c'est la reconnaissance explicite du droit de l'Otan à mener des opérations partout dans le monde pour assurer l'approvisionnement en énergie ; c’est l’acceptation à l’avance des prochaines possibles guerres, avec des "ennemis" explicitement cités comme l’Iran et la Corée du Nord, ou d’autres désignés plus vaguement mais non moins visés, comme la Russie, la Chine. C’est aussi – et c’est peut-être le plus grave pour nous tous directement – l’acceptation anticipée de la destruction des droits démocratiques et sociaux en Europe, au nom de "la lutte contre le terrorisme ET l’extrémisme" , où qu’il agisse, à l’intérieur comme à l’extérieur de la "zone Otan".

Le NCS dernière mouture contient ,certes, des éléments de contradictions, des points en retrait par rapport aux documents initiaux des "experts d’Albright", enrobés de quelques paroles lénifiantes quant aux objectifs déclarés de l’Otan. Mais n’en tirons pas la conclusion que l’Otan va s’affaiblir doucement et s’effacer au profit d’alliances raisonnables et pacifiques entre les pays du monde. Nous pensons que c’est exactement l’inverse qui va se produire et que le danger de nouvelles guerres otaniennes est plus grand que jamais !

Nous appelons le mouvement de la paix et les mouvements politiques progressistes de notre pays et de tous les pays membres de l’Alliance Atlantique à maintenir la vigilance la plus grande sur ce qui se passe réellement au sein de l’Otan, à dénoncer la signature par notre gouvernement du NCS et à poursuivre le combat jusqu’à la dissolution pure et simple de cette Alliance Atlantique.

Dans ce numéro d’Alerte Otan, et dans les suivants, nous développerons une analyse critique du NCS, point par point, et nous inviterons tous les militants à en débattre pour aboutir à des propositions de combat.