Alerte Otan n° 39 - Octobre 2010
Éditorial :
Pierre nous a quitté...

Pierre Piérart, président du Comité Surveillance OTAN, s’est éteint ce 20 juillet. Toute sa vie a été vouée à l’amour et à la préservation de l’humanité. Sans relâche, il a dénoncé l’existence des armes nucléaires, qui ont la capacité d’éliminer toute vie sur la planète, pour autant qu’un grand de ce monde décide, d’une pression de doigt, de déclencher l’apocalypse.

Pierre voyait dans l’OTAN l’alliance militaire la plus agressive de l’histoire, une agressivité soutenue par la possession d’armes nucléaires par trois de ses membres. L'Otan n'a jamais exclu explicitement l'emploi de l'arme nucléaire en première frappe. De plus, elle viole le Traité de Non Prolifération nucléaire en entreposant « en secret » dans différents pays d’Europe près de 400 bombes nucléaires. Ces armes ne sont nullement là pour faire de la figuration, mais pourraient être réellement employées à un moment déterminé.

Le CSO et son président ont toujours dénoncé les guerres de l’OTAN et des États-unis, en particulier les agressions contre la Yougoslavie en 1999, l’Afghanistan en 2001, et l’Irak en 2003. Aujourd’hui, ce sont les menaces de guerre contre l’Iran qui semblent se préciser.

Il ne faut par ailleurs se faire aucune illusion quant à une paix prochaine en Irak : si une partie des troupes américaines a quitté le paix, y resteront en permanence 50.000 soldats dans un grand nombre de bases, ainsi que plus de 120.000 mercenaires de toutes nationalités. Une grande partie des soldats américains s’étant retirés d’Irak ont été transférés en Afghanistan pour renforcer les forces militaires de l’OTAN qui vivent l’échec de leur mission d’occupation. Selon de nombreux analystes militaires, cette guerre – qui fait des milliers de victimes civiles chaque année – est d’ores et déjà perdue pour les forces coalisées.

Le gouvernement belge en affaires courantes a décidé de prolonger la présence des militaires et des bombardiers belges au sein de la force de l’OTAN en Afghanistan jusque fin novembre 2011. Alors que le parlement néerlandais a voté le retrait de ses soldats, retrait effectif depuis la fin août, le parlement belge n’a strictement rien à dire sur les sujets de défense ou d’intervention à l’étranger. Nous devons soutenir la proposition de loi de Van der Maelen et consorts visant à rendre au parlement ses prérogatives sur ces matières. De même, le nouveau concept stratégique de l’OTAN, qui devrait être adopté lors du sommet de Lisbonne du mois de novembre prochain, devrait, au préalable, être débattu démocratiquement. Tel aurait été le vœu de Pierre. Tel continue à être le sens de notre lutte.