Alerte Otan n° 19 - Septembre 2005
Éditorial :
L’OTAN se déguise en humanitaire à New Orleans, mais accroît son rôle militaire à Bagdad.

Les 26 pays membres de l’OTAN ont décidé à l’unanimité d’apporter une aide dite « humanitaire » aux victimes de l’ouragan Katrina qui a frappé le sud des Etats-Unis. La Force de Réaction Rapide est prête à agir, des bateaux et des avions se chargent de camions, d’aide d’urgence et… de soldats pour aider au retour des habitants qui ont fui New Orleans et d’autres villes inondées, à la défense de leurs biens laissés sans surveillance et à la reconstruction des infrastructures et des maisons. Cà c’est le côté face : l’étalage de la capacité de l’Otan à répondre à des besoins humanitaires, à soigner les plaies de grands désastres civils.

Le côté pile, c’est que l’Otan ne va pas faire œuvre de Protection Civile aux Etats-Unis. Elle va remplacer ce que l’Administration et l’armée américaine ne peuvent pas faire pour la population des USA parce qu’elles ont trop à faire dans l’occupation de l’Irak, dans les préparatifs des prochaines agressions contre la Syrie ou l’Iran, dans la production complètement folle de nouvelles armes nucléaires tactiques ; le gouvernement Bush consacre des parts chaque fois plus importantes du budget de l’Etat à l’industrie militaire, à l’entretien des bases dans le monde entier, à fomenter des « révolutions » de toutes les couleurs, à payer des CIA et autres organismes dans le monde, à fabriquer des organisations terroristes, au fur et à mesure des besoins de la « défense des intérêts vitaux des Etats-Unis ».

En fait, l’Otan va aider au maintien de l’ordre en remplaçant les militaires US toujours engagés en Irak. Elle va protéger les ONG chargées de distribuer les secours. Petit exemple : la Croix Rouge de Belgique a envoyé une dizaine de ses « experts », encadrés par des militaires en Louisiane. Et leur travail a consisté à organiser la distribution et la défense d’un grand dépôt de la Croix-Rouge américaine contre les « pillards ». Autrement dit, contre les dizaines de milliers d’habitants les plus pauvres de New Orleans et d’autres villes qui n’avaient pas eu les moyens de partir ou se retrouvaient dépourvus de tout.

L’Otan va aussi aider à la « reconstruction » des villes détruites. Mais qu’est-ce que les autorités publiques des USA ordonneront-elles de reconstruire ? On sait que ce sont les grosses sociétés comme Haliburton, - les mêmes qui sont en train de piller l’Irak et de se remplir les poches -, qui sont chargées de la reconstruction des villes inondées de Louisiane .Elles vont donc organiser la reconstruction de ce qui les intéresse : les infrastructures pétrolières, les digues qui protègeront mieux les entreprises et les beaux quartiers, les maisons des riches et de ceux qui ont de grosses assurances. Voilà à quoi l’Otan va donner son aide, cela n’a rien d’humanitaire.

Pendant ce temps, l’Irak continue à être mise à sac par les forces de la Coalition. Les gardes nationaux des Etats-Unis qui auraient dû être à la Nouvelle Orléans pour secourir la population victime de l’ouragan, étaient envoyés en renfort pour imposer l’ordre impérial à Bagdad, participer aux ratissages de nouvelles villes irakiennes, où Tal Afar est devenue un nouveau Fallujah.

Jaap de Hoop Scheffer est venu en personne pour présider l’inauguration de l’Académie militaire dirigée par l’OTAN et chargée de former les officiers de la nouvelle armée irakienne. Les premiers cadres supérieurs made in NATO sont censés prendre la relève progressive de l’armée américaine et britannique. Mais en même temps que le gouvernement américain annonce une vague mesure de retrait partiel, quatre bases militaires américaines, prévues pour durer longtemps, sont en train de se construire. Tout se met en place pour de nouvelles agressions contre la Syrie et l’Iran, voisins de l’Irak.

L’Otan reste un point d’appui fondamental à cette politique qui impose la démocratie et l’aide humanitaire à coups de bombes et de répression. En maintenant la conception de « l’abstention constructive » chère à notre Ministre de la Défense Flahaut, la Belgique est complice. Il est plus que temps de revoir cette politique et d’apprendre à lui dire NON !