Alerte Otan n° 17 - Mars 2005
Éditorial :
L'allégeance à l'OTAN rend illusoire une politique européenne de paix

Lors de la réception du président Bush à Bruxelles, le 22 février, le Premier ministre Verhofstadt a, une fois de plus, présenté les Américains comme les sauveurs de l’Europe. Mais il ne parlait pas du débarquement en Normandie, ni de la Deuxième Guerre Mondiale. Il saluait l’intervention, qualifiée de décisive, des USA dans la guerre de Yougoslavie, alors que les Européens s’y empêtraient. Il remerciait le président américain d’avoir sauvé l’Europe du communisme. Ainsi, pour Verhofstadt et son gouvernement, les liens transatlantiques forment une partie inaliénable de l’Union Européenne et l’OTAN est l’instrument incontestable de cette alliance.

Dans son éloge aux Etats-Unis, notre Ministre justifiait la nécessité de la guerre dite humanitaire, les 78 jours de bombardements de la Yougoslavie par les avions otaniens, la main mise sur le Kosovo par les forces militaires de l’Otan, ainsi que l’occupation de l’Afghanistan. Il faisait passer pour un malentendu vite surmonté les hésitations de quelques gouvernements européens face à l’invasion de l’Irak par la Coalition.

Le tapis était bien déroulé pour le président Bush ! Celui-ci est venu simplement confirmer les prochains projets des USA, auxquels il demande aux pays de l’Otan de s’associer plus étroitement. Il n’a pas manqué de se féliciter des résultats obtenus. Les prochaines cibles sont désignées : les pays « tyranniques » que sont à ses yeux la Syrie, l’Iran (Moyen Orient), la Biélorussie (frontière de la Russie), la Corée du Nord (près de la Chine…), Cuba et le Venezuela (trop près des USA). L’appel à augmenter les budgets militaires de tous les pays de l’Otan a été relancé. La participation de tous les pays membres, donc de la Belgique, à la formation des forces de sécurité et de police en Irak est assurée. Les « petites divergences » sont oubliées, les « grandes valeurs » transatlantiques communes sont réaffirmées. Quand on partage de telles valeurs, on ne va quand même pas rester brouillés sur des broutilles, telles que la violation de la charte des Nations Unies, les mensonges sur le danger que représentait le pays dont on veut s’approprier les richesses, les 100.000 morts irakiens que cela a coûté.

Mais ce n’est pas pour autant l’opinion de la population en Belgique. Après les milliers de manifestants qui ont « accueilli » Bush les 20-22 février, les manifestations du 19 mars permettront de mesurer l’ampleur du mouvement contre l’Europe des marchés et des armées. A l’appel du Forum Social Mondial, nous manifesterons contre la Constitution européenne qui veut nous inféoder pour l’éternité aux Etats-Unis et à leur projet de conquête planétaire par le biais de l’OTAN. La campagne du NON à cette constitution doit aussi être une campagne contre l’OTAN.